SOS MONTFORT

« ÊTRE FRANCOPHONE, C’EST UN EFFORT DE CHAQUE JOUR »

John Ralston Saul

Introduction

Affiche SOS Montfort, prêt gracieuseté de l’Hôptal Montfort.

De 1997 à 2002, le mouvement SOS Montfort s’opposera à la fermeture de l’Hôpital Montfort d’Ottawa, le seul hôpital francophone universitaire de l’Ontario. Le mouvement est formé en riposte à la décision de la Commission de restructuration des soins de santé de l’Ontario (CRSS) de fermer l’hôpital et rallie rapidement la communauté franco-ontarienne à sa cause. Au terme de cinq années de rassemblements, de négociations, de lobbying et de bataille judiciaires, ce mouvement obtiendra finalement gain de cause face au gouvernement de l’Ontario.

C’est le gouvernement progressiste-conservateur de Mike Harris qui met en place la CRSS en avril 1996. Élu en 1995, Harris applique ainsi aux soins de santé les mesures comprises dans son programme, surnommé « La Révolution du bon sens », qui prévoit la réduction de la taille et du rôle du gouvernement. L’aventure de SOS Montfort débute donc le 24 février 1997, alors que les commissaires rendent public leur rapport. Ils recommandent des coupes budgétaires pour le secteur de la santé dans la région d’Ottawa, la fusion d’autres établissements hospitaliers, mais surtout la fermeture de l’Hôpital Montfort.

Édifice de l’hôpital Montfort en septembre 1989.

Fondé en 1953, l’hôpital est d’abord tenu par les Filles de la Sagesse. Il devient un hôpital du gouvernement en 1969-1970. Au moment de l’annonce de sa fermeture, mais encore aujourd’hui, la prédominance de l’usage du français lors de la prestation de soins de santé, dans le cadre des relations de travail et de l’enseignement universitaire le caractérise.

Le mouvement de résistance à la fermeture de Montfort s’organise rapidement. Au lendemain de l’annonce, Le Droit titre en une : « S.O.S. Montfort ». C’est sous ce vocable que le mouvement sera désormais connu. Il revient à sa présidente, Gisèle Lalonde, de mobiliser les Franco-Ontariens et d’unir leurs forces.

Bureau du Comité SOS Montfort.

La campagne pour la sauvegarde de Montfort se déploie d’emblée sur plusieurs fronts. Le premier geste prend la forme d’un rassemblement populaire, tenu le 22 mars 1997, où près de 10 000 personnes remplissent les gradins du Centre municipal d’Ottawa. Le 4 mai, une pétition en faveur du maintien de l’hôpital qui compte 135 000 signatures est remise à la législature ontarienne. SOS Montfort exhorte aussi les politiciens nationaux de faire pression sur le gouvernement Harris. SOS Montfort prend alors une dimension pancanadienne.

Le 13 août 1997, la CRSS revient à Ottawa et publie ce qu’elle appelle ses directives finales. Montfort reste ouvert, mais perd son urgence, plusieurs de ses lits et la plupart de ses services de première ligne. La CRSS transforme la mission de l’hôpital, qui passe de centre hospitalier à centre ambulatoire. La bataille se transporte vers les tribunaux.

Les Franco-ontariens bien en vie.
Gérald Lavoie (Directeur général de l’Hôpital Montfort de 1986 à 2009) et Gisèle Lalonde.
Grand ralliement du 22 mars 1997.

La cause Lalonde c. Ontario (Commission de restructuration des services de santé) est attendue par la Cour divisionnaire de l’Ontario en juin 1999. Novembre 1999, la Cour reconnaît que les directives de la CRSS portent atteinte aux droits constitutionnels de la minorité franco-ontarienne. Le gouvernement Harris fait appel de la décision. Mai 2001, la Cour d’appel de l’Ontario confirme que l’hôpital jouit d’une protection constitutionnelle. Fin janvier 2002, le gouvernement progressiste-conservateur de l’Ontario se résout à ne pas faire appel du jugement. Vingt-cinq ans plus tard, cette exposition propose de revisiter les moments forts de SOS Montfort et de présenter ses principaux acteurs.

Nous tenons à souligner l’appui de l’Hôpital Montfort à la préparation de cette exposition. Avec leur grande collaboration, les documents et artéfacts pour les fins de l’exposition feront l’objet d’un éventuel don d’archives qui portera le nom Fonds Comité SOS Montfort.